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Les actions qui s’adressent aux femmes seules avec enfants sont nombreuses en France. Néanmoins, c’est une association canadienne, l’association « Mère Avec Pouvoir » (MAP), qui a retenu notre attention pour cette lettre. En effet, elle est à la fois très concrète et appuyée sur une conception des problèmes des familles mono-parentales très originale. Le Canada est par ailleurs soumis aux mêmes problématiques relatives aux familles monoparentales que la France.

« Mère avec Pouvoir » a vu le jour en 2001 dans un quartier défavorisé de Montréal. Son objectif est de viser à « l'intégration sociale et professionnelle » de femmes chef de foyer monoparentales avec de jeunes enfants et de faibles revenus. Ces femmes sont particulièrement vulnérables au décrochage scolaire, à la pauvreté, à l’exclusion sociale, à l’isolement et à la dépendance envers l’aide sociale. L’idée mise en pratique est d’émanciper, d’autonomiser ces femmes, de leur donner le pouvoir sur leur vie. Il s’agit de la notion d’empowerment, née aux Etats-Unis au cours des différentes campagnes de promotions des droits civiques (égalité des femmes, fin de l’apartheid) et aujourd’hui largement diffusée dans le vocabulaire de l’action sociale ou des ressources humaines. Cette responsabilisation se fait dans un environnement global (une écologie) multidisciplinaire : la femme, mère, travailleuse, citoyenne, amie doit faire face simultanément à des difficultés variées et interdépendantes les unes des autres. MAP les aide donc à les affronter simultanément.

Ce projet a été imaginé dès 1996 au sein d’un institut de recherche canadien pour le développement social. Il a su fédérer l’état, l’université, et le milieu associatif (communautaire), lequel prend en charge 42% des investissements (6M€ au total). Concrètement, il propose une « grappe de ressources » variées aux femmes du quartier : une garderie de 80 places, un centre de formation, qui collabore sur des questions d’éducation, de vie professionnelle ou de vie familiale, un ensemble de 30 logements meublés adaptés (2 chambres chauffées) avec une cuisine commune, deux intervenantes qui accueillent et orientent les femmes.

Les femmes s’adressent à MAP, sur les conseils des partenaires sociaux ou par le bouche à oreille. Le recrutement est un premier stade du projet. Outre les conditions mentionnées plus haut, la motivation de la femme est déterminante. Lors de cette première étape, un lien de confiance est créé avec les intervenantes. Puis, les femmes élaborent un projet de vie, qu’elles déclinent en plan d’action : formation, emploi, développement personnel… Des rencontres individuelles ou de groupe leurs permettent de s’épauler pour atteindre ces objectifs qu’elles se sont fixées. Des moments de convivialités (soupers familiaux et autres activités) permettent aux femmes de s’inscrire dans un tissu de relations. La vie communautaire comporte ses difficultés : conflits culturels, ghettoïsation, mais l’apprentissage par les pairs et le soutien mutuel reste précieux pour initier des dynamiques d’entraides. Progressivement, les femmes sont intégrées aux processus de décisions interne du MAP, à travers différents comités.

Mais le logement est transitoire, la jeune mère signe un contrat trisannuel avec MAP et quitte le foyer après ces délais. En sortant, 85% ont réussis à se reconstruire personnellement et professionnellement, à créer un projet de vie réalisable, à s’intégrer dans un réseau social et à découvrir de nouvelles ressources utilisables pour élever leurs enfants.

Pour lire une analyse sur la pauvreté des familles monoparentales en France, cliquez ici

Pour lire une méditation sur ce sujet, cliquez ici

Pour aller plus loin :

Le site officiel : http://www.mapmontreal.org/

Deux études de cas :

http://www.legrainasbl.org/index.php?option=com_content&view=article&id=400:le-projet-map-meres-avec-pouvoir-a-montreal-&catid=54:analyses&Itemid=115

http://base.d-p-h.info/fr/fiches/premierdph/fiche-premierdph-5935.html

4 vidéos : http://www.youtube.com/user/mapmontreal?feature=watch