Une initiative: l'accueil des demandeurs d'asile à Strasbourg

Publié le 6 Avril 2013

Une initiative: l'accueil des demandeurs d'asile à Strasbourg

CASAS (entendez « Collectif d’Accueil aux Solliciteurs d’Asile à Strasbourg ») a été créée en 1983 par différentes associations (dont le Secours Catholique, Amnesty International et la CIMADE). Située au centre de Strasbourg, elle aide les réfugiés à rédiger leur dossier de demande d’asile. Située au centre de Strasbourg, elle est composée de 120 bénévoles mais aussi de 6 salariés. L’association vit de dons et d’une aide publique (l’Etat étant responsable en droit français de l’accueil des demandeurs d’asile en vertu de la Convention de Genève). L’association propose des temps de découverte de la France (à travers des visites ou des animations) et des cours de français. CASAS a aussi un rôle d’information auprès du grand public sur la réalité et les difficultés du droit d’asile aujourd’hui. Des frères dominicains y ont été bénévoles ces dernières années.

Pour découvrir le travail de cette association, visionnez la petite vidéo ci-dessous. Il s'agit de l'extrait d'un film réalisé en 2011 par Daniel Coche et Simone Fluhr sur l'association CASAS, intitulé Les éclaireurs.

Simone Fluhr, qui a longtemps été une des responsables de l'assocation CASAS, a aussi écrit un livre intitulé Mon pays n’est pas sûr (Editions Scribest, 2011). Nous publions un de ses textes ci-dessous.

Se reconnaître en leur miroir

"CASAS, une maison jaune située au cœur de Strasbourg, une « casa » chargée d’accueillir la parole de ceux qui ont été contraints à l’exil. Le plus lourd est assurément de devoir recueillir et contenir leurs récits qui ne trouvent parfois d’autre voie que celle des pleurs, de la pétrification ou de la suffocation, et cela, sans en être détruits nous-mêmes.

Dans cette maison, il n’y a pas assez de place. Il n’est pas rare de peiner à trouver une chaise libre dans la salle principale, véritable tour de Babel, où se mènent déjà cinq entretiens simultanés dans un brouhaha étoffé par les éclats de voix des enfants qu’on essaie d’éloigner un peu des persécutions en train d’être racontées.

Il n’y a pas assez de temps non plus, ne serait-ce que pour créer le minimum de confiance nécessaire pour faire advenir ces paroles, car la procédure est contrainte par des délais très stricts qu’il ne faut en aucun cas dépasser sous peine de voir la demande rejetée.

Ainsi, à notre corps défendant, nous participons à la violence administrative et juridique qui leur signifie d’emblée qu’il n’y a pas vraiment de place pour eux, pas plus qu’il n’y a de temps pour se poser, se reposer, commencer doucement à se guérir des traumatismes subis.

En miroir, ma propre incompréhension devant ce dont je suis témoin et que je ne croirais pas si je ne le voyais de mes propres yeux : enfants livrés à la rue, familles déchirées, personnes traquées, arrêtées devant nos portes et parfois renvoyées dans le pays où ils sont en danger de mort…

Car, imperceptiblement, mais avec une volonté affirmée ces dernières années, une autre violence s’est superposée à la violence passée : celle qu’on leur fait subir, ici, chez nous.

Ces hommes, ces femmes, ces enfants, sans défense et pourchassés par la police sont les éclaireurs de ce que le monde, le nôtre, est en train de devenir. Personne n’a vraiment envie de se reconnaître en leur miroir et quand on pourra le faire, il sera déjà bien tard." Simone Fluhr

Pour lire un état des lieux sur la question de la demande d'asile, cliquez ici

Pour découvrir un regard de croyants sur la question des migrations, cliquez ici

Autre initiative concernant les demandeurs d'asile et les personnes étrangères : les cercles de silence.