Un regard de croyant sur l'accueil de l'étranger

Publié le 6 Avril 2013

Dans une homélie du 7 septembre 2008, le Cardinal Bergoglio (futur pape François) affirmait : "Qui n'a pas le cœur ouvert au frère de toute race, de toute nation, ne fait pas son devoir, et sa vie se termine comme une note impayée, sans avoir honoré la dette existentielle que nous avons tous en tant qu'individus". Son prédécesseur, le Bienheureux Jean-Paul II, déclarait quant à lui en 1996: « Pour le chrétien, le migrant n’est pas simplement un individu à respecter selon des normes fixées par la loi, mais une personne dont la présence l’interpelle et dont les besoins deviennent un engagement dont il est responsable.» Pourquoi une telle insistance sur la nécessité, pour le chrétien, de développer une attention à l’étranger ?

Le Cardinal Yves Congar, dominicain, dans un article peu connu, a porté un « Regard théologique sur l’apostolat des déplacés » (People on the Move, 8, avril 1974, en pièce jointe ci-dessous). C’est bien un regard croyant, un regard théologique, que, avec lui, nous pouvons avoir sur la question de la migration et nous rendre compte que nous sommes tous finalement amenés à nous « déplacer ». Les déplacés nous déplacent...

Tout d’abord, le Père Congar insiste sur le fait que l’étranger nous remet en face de ce que nous sommes comme chrétiens. Le chrétien est d’abord celui qui est appelé à aimer son prochain. Or l’étranger est peut être la figure la plus parfaite du prochain : celui que je n’ai pas choisi, « celui que l’on rencontre, sur qui l’on butte, qui nous est donné et qui est comme imposé par les circonstances ».

Ensuite, s’engager comme chrétiens pour accueillir l’étranger, c’est expérimenter la catholicité, le caractère universel de l’Eglise, c’est se rappeler que nous avons reçu la foi de missionnaires qui ont accepté le déracinement et l’abandon de leurs repères culturels pour risquer d’annoncer l’Evangile. S’engager comme chrétiens pour accueillir l’étranger, c’est aussi collaborer avec des personnes qui ne partagent pas notre foi, mais qui, agissant dans ce domaine, manifestent leur souci de la dignité de tout homme.

Enfin, l’accueil de l’étranger comporte une dimension spirituelle, elle est véritablement un mystère. Yves Congar souligne combien la Bible le répète : nous ne savons jamais qui nous rencontrons. Ainsi l’Epitre aux Hébreux, relisant l’histoire d’Abraham, précise : « N’oubliez pas l’hospitalité, car c’est grâce à elle que quelques-uns, à leur insu, hébergèrent des anges » (He 13,2). Saint-Paul, quant à lui, invite à pratiquer la xenophilia (l’amour de l’étranger, littéralement l’inverse de la xenophobie) dans la lettre aux Romains (Rm 12,13) et présente celle-ci comme une vertu. Enfin, l’Evangile, s’il se fait explicit dans le discours sur le jugement dernier (« j’étais un étranger et vous m’avez accueilli » Mt 25,35), indique aussi que le Christ s’est manifesté sous les traits du voyageur au soir de la Résurrection (Lc 24,13-35) et qu’Il a été une « personne déplacée » dès les premiers jours de sa vie, contraint de fuir en Egypte devant la persécution d’Hérode (Mt 2,13-18).

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Pour aller plus loin

Visiter site officiel de la pastorale des migrants de l’Eglise Catholique en France : http://migrations.catholique.fr/

Visiter le site http://cserpe.org animé par les Scalabriniens, religieux dont la vocation principale porte sur les questions de migrations et d’accueil de l’étranger

Le Christ a été une « personne déplacée » dès les premiers jours de sa vie

Le Christ a été une « personne déplacée » dès les premiers jours de sa vie

Yves Congar, « Regard théologique sur l’apostolat des déplacés », People on the Move, 8, avril 1974