Comprendre: les jeunes déscolarisés et sans emploi en France

Publié le 30 Mai 2015

Comprendre: les jeunes déscolarisés et sans emploi en France

Par Céline François

Selon les chiffres 2013 de l'OCDE[1], en France, 19,38 % des jeunes âgés de 20 à 24 ans sont déscolarisés, sans emploi et sans formation, soit près d'un jeune sur cinq de cette catégorie d'âge. Un terme est utilisé pour les désigner : on parle de NEET, ce qui signifie « Not in Employment, Education or Training ». À l'origine, ce terme est employé pour désigner la proportion de jeunes de 15 à 29 ans, qui n'ont pas d'emploi ni ne suivent d'études ou de formation. Depuis 2010, il est même devenu un indicateur officiel pour la Commission européenne. Aujourd'hui, par extension, l'on parle des NEET pour désigner cette catégorie de jeunes. Parmi les NEET, certains cherchent un emploi, d'autres sont inactifs. Ces jeunes sortis du système scolaire sans formation sont plus exposés au risque de chômage. Selon les chiffres 2013 de l'INSEE, le taux d'emploi des jeunes de 15 à 24 ans, en France, est seulement de 23,9%. Et près de la moitié de ceux qui arrêtent précocément les études sont au chômage dans les premières années qui suivent la fin de leur scolarité[2], contre 20% des jeunes ayant fait des études supérieures.

Les conséquences financières sont manifestes. Sans salaire et sans allocation spécifique, étant donné que pour percevoir le RSA en France, il faut avoir plus de 25 ans, ou justifier d'une certaine durée d'activité professionnelle, ou encore être parent isolé, ces jeunes risquent plus que les autres l'exclusion sociale. Si ces jeunes sont effectivement fragilisés économiquement, les répercussions vont au-delà et touchent différents aspects de leur vie. Ils ont plus de mal que les autres à trouver un logement, à s’établir en couple, à s'insérer socialement et à se stabiliser, à partir en vacances, etc...

Comprendre: les jeunes déscolarisés et sans emploi en France

Leur situation interpelle et pose problème. S'ils ne parviennent pas à accéder à l'emploi et à s'insérer de manière adaptée, ils ne peuvent que rester en marge de la société. Or les conséquences sont autant personnelles, comme nous venons de l'indiquer, que relatives à la société elle-même. Ces jeunes risquent en effet de rester longtemps à la charge de la société et de développer un sentiment d'injustice pouvant engendrer de la colère et des réactions violentes. Le risque est grand également de les voir sollicités par des mouvements extrémistes ou tentés de recourir à des solutions marginales et délétères proposées par les économies parallèles par exemple.

Quelles solutions ?

Afin de proposer une solution, l'État expérimente actuellement une initiative dans plusieurs départements. Pour les jeunes les plus éloignés de l’emploi, en situation de grande précarité et sans soutien familial, le Gouvernement a mis en place, de manière expérimentale, la « Garantie jeunes[3] » qui permet aux 18-25 ans de percevoir une allocation mensuelle de 433,75€ et de bénéficier d'un accompagnement individuel et collectif par les missions locales, permettant l'accès à une pluralité d'expériences professionnelles et de formations, en vue de construire ou de consolider un projet professionnel. Le jeune s'engage à s’investir pleinement, à suivre un accompagnement personnalisé, à rechercher des opportunités d’emploi et à accepter les mises en situation professionnelles, ainsi qu’à déclarer chaque mois ses ressources d’activité. Différents partenaires sont impliqués dans ce projet : État, missions locales, Conseil Général et entreprises.

Toute initiative est importante tant il est urgent de se préoccuper de la jeunesse de notre pays. Comme prophétisait Jean Bosco en 1883, lors de son voyage en France: « Ne tardez pas à vous occuper des jeunes, sinon ils ne vont pas tarder à s’occuper de vous ». Jean-Marie Petitclerc complète ainsi « Si nous tardons à donner une véritable place dans notre société à chaque jeune, quelle que soit son appartenance ethnique, culturelle, religieuse, si nous tardons à les aider à préparer un véritable avenir, ne nous étonnons pas alors qu’ils commencent singulièrement à « s’occuper » de nos institutions ![4] »

Pour aller plus loin :

Site de l'OCDE, données relatives à l'inactivité des jeunes : http://data.oecd.org/fr/youthinac/jeunes-descolarises-sans-emploi-neet.htm

Les décodeurs du Monde.fr : les NEET : www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2014/07/10/jeune-sans-emploi-et-hors-du-systeme-scolaire-qui-sont-les-neet_4453249_4355770.html#wRLH4M3qCQ0QQQ15.99

[1]L'Organisation de Coopération et de Développement Economiques

[2] http://www.insee.fr/fr/ffc/docs_ffc/FORMEMP13_e_FTLo2insertion.pdf

[3] http://www.gouvernement.fr/action/la-garantie-jeunes

[4] http://arras.catholique.fr/page-32679.html